En 1979, Honda dévoilait sa CB900F, une machine que le constructeur japonais présentait comme « une moto Super-Sports tonnante avec des performances dévastatrices et une endurance inébranlable ». Initialement baptisée CB900F Super Sport, elle fut rapidement rebaptisée Bol d’Or en hommage à la célèbre course d’endurance française de 24 heures que Honda remporta pas moins de 12 fois entre 1975 et 1990.
Cette préparation exceptionnelle réalisée par Fábio Astolpho, directeur artistique brésilien, transforme radicalement l’esthétique de cette Honda légendaire en s’inspirant directement des superbikes américains des années 80.
Conçue spécifiquement pour le marché européen, la CB900F Bol d’Or développait 95 chevaux grâce à son moteur 4-cylindres en ligne de 901cc refroidi par air. Ses performances étaient impressionantes avec un quart de mile bouclé en 11,84 secondes et une vitesse maximale de 130 mph.
Le moteur avait été spécialement calibré pour privilégier le couple à mi-régime plutôt que la puissance maximale, offrant ainsi une conduite plus accessible au quotidien. Son châssis conventionnel à double berceau en acier lui valait néanmoins d’excellentes notes en maniabilité auprès des journalistes spécialisés.
L’héritage racing de la lignée Bol d’Or
Kevin Cameron, journaliste de renom chez Cycle World, qualifiait en 1985 la CB900F comme « l’expression ultime de l’ancienne technologie refroidie par air qu’Honda avait tant contribué à créer ». Cette reconnaissance témoigne de l’excellence technique de cette machine.
Une préparation inspirée des superbikes AMA
Fábio Astolpho, passionné par les motos Honda DOHC de la fin des années 70 et début 80, s’est particulièrement inspiré des machines de compétition américaines. Son concept puise directement dans l’esthétique des superbikes participant aux courses AMA, notamment la légendaire Honda de Freddie Spencer, ainsi que les motos d’endurance européennes.
Modifications techniques substantielles
La suspension bénéficie d’un upgrade complet avec des ressorts Öhlins à l’avant et des amortisseurs Öhlins à l’arrière. Le moteur entièrement révisé reçoit un filtre à air sport, des bobines d’allumage Dyna et un échappement 4-en-1 Delkevic pour optimiser les performances.
Avec ces modifications, la puissance grimpe à environ 105 chevaux tandis que le poids chute de 20 kg par rapport aux 240 kg d’origine, transformant radicalement le comportement dynamique de la machine.
Une esthétique racing authentique
L’aspect visuel constitue le point d’orgue de cette préparation. Les imposants clignotants d’origine disparaissent au profit d’éléments discrets intégrés dans les fourreaux de fourche à l’avant. À l’arrière, un feu multifonction combine éclairage, freinage et clignotants.
Le processus de métallisation unique
La finition exceptionnelle résulte d’un procédé de métallisation sous vide particulièrement sophistiqué. La moto reçoit d’abord une peinture noire Cadillac, puis subit un vernis et un polissage minutieux. Le processus de métallisation lui confère ensuite un aspect situé entre l’aluminium poli et le chrome.
Plusieurs couches de vernis teinté bleu appliquées en dégradé léger de l’avant vers l’arrière parachèvent cette finition spectaculaire qui attire inexorablement l’attention.
Le symbolisme du numéro 54
Le choix du numéro 54 arboré sur la plaque frontale revêt une signification particulière. En 1954, Honda participait à sa première course en dehors du Japon, précisément sur le circuit d’Interlagos à São Paulo, ville de résidence de Fábio. Cette coïncidence géographique donne une résonance émotionnelle forte à ce projet.
Une conduite transformée
Les améliorations apportées, notamment au niveau de la suspension, métamorphosent complètement le comportement de la machine. La moto gagne en puissance et en précision dans les courbes, tout en conservant les qualités intrinsèques qui faisaient déjà le charme de l’originale.
L’approche conceptuelle du préparateur
Fábio Astolpho applique son expertise de directeur artistique à la moto avec une philosophie particulière. Contrairement à ses campagnes publicitaires éphémères, ce projet lui permet de créer quelque chose de permanent et de tangible.
Sa méthode consiste à concevoir et planifier chaque détail, puis à s’entourer de partenaires spécialisés pour concrétiser sa vision. Cette approche collaborative garantit l’excellence de chaque aspect technique.
Préservation de l’ADN original
L’objectif était de créer une machine remarquable sans modifications radicales ou irréversibles du châssis. Les améliorations restent discrètes, préservant l’esthétique vintage tout en intégrant des upgrades cachés.
Cette philosophy de restauration respectueuse permet de magnifier l’originale sans dénaturer son caractère authentique, créant un équilibre parfait entre modernité et patrimoine.
Impact et reconnaissance
Cette Honda CB900F Bol d’Or préparée constitue une rareté au Brésil et génère sourires et conversations partout où elle passe. Sa finition photographique ne rend pas justice à l’éclat réel de la machine, qui nécessite d’être vue en personne pour être pleinement appréciée.
Ce projet illustre parfaitement comment une approche respectueuse du patrimoine moto peut aboutir à une création contemporaine saisissante, rendant hommage à l’âge d’or des superbikes tout en offrant des performances et une esthétique adaptées aux standards actuels.